Un développeur devrait-il passer par l'expérience "start-up" ?

nexten.io
5 min lecture
May 19, 2022 11:04:40 AM

Un développeur devrait-il passer par l'expérience "start-up" ?

La start-up ! Rien qu’en prononçant ce simple mot, une tonne de clichés nous vient en tête : l’ambiance décontractée, les pauses baby-foot, la hiérarchie horizontale, les horaires flexibles, le télétravail… Attractif de bien des manières, l’univers de la start-up interpelle : faut-il cocher cette case pour parfaire un CV ? Et à cette question s'en ajoute une autre : un développeur a-t-il tout intérêt à rejoindre au cours de sa carrière une start-up pour level up ses compétences pro ? 

Vous hésitez encore à rejoindre une jeune entreprise ? Cette semaine, Grégoire nous dévoile son parcours et apporte son analyse en tant que jeune CTO à la tête de deux équipes de devs.

 

Bonjour Grégoire ! Peux-tu commencer par te présenter et parler de ton parcours professionnel ?

Grégoire : Merci à vous de m’accueillir, je suis ravi que nous puissions échanger ensemble au sujet des start-ups dans l’univers tech. Je m’appelle Grégoire, je suis un jeune entrepreneur qui habite à Luxembourg. J’ai étudié l’informatique en Belgique, et réalisé une partie de mon parcours académique en France. Ce qui fait de moi un entrepreneur qui porte haut les couleurs de l’Europe ! Je suis désormais installé à Luxembourg, et j’en suis très heureux. Concernant mes études : j’ai tout d’abord obtenu un diplôme d’ingénieur en informatique, et dès la dernière année d’étude, j’ai voulu trouver un travail à mi-temps, pour rentrer rapidement sur le marché du travail et aussi parce que j’avais peur de… m’ennuyer ! J’ai intégré une entreprise belge qui n’a pu me proposer qu’un temps plein. Autant vous dire qu’il a fallu que je jongle sacrément avec mon emploi du temps d’étudiant pour concilier efficacement les deux ! Cette entreprise était particulièrement intéressante, car le sujet de ma thèse de l’époque était étroitement lié (système de partage de données décentralisé par cryptographie). Par la suite, j’ai voulu tester le principe de consulting, en intégrant une boîte de conseils en informatique à Luxembourg, mais j’ai vite réalisé que ce n’était pas fait pour moi ! Mon appétence allait vers la cybersécurité d’abord, et puis, l’univers start-up m’attirait pas mal. Ce qui m’a naturellement poussé à lier les deux. A l’heure actuelle, je suis co-fondateur de deux start-ups. La première se nomme ANote Music, elle permet aux particuliers d’investir facilement dans la musique, via l’achat des droits associés. La seconde s’appelle Satoris, elle fournit des solutions sur mesure en matière de développement d'applications et de sites Web, d'infrastructure, de confiance numérique, etc. Pour l’une comme pour l’autre, le développement tech est abouti, et j’interviens généralement au sein des équipes tech pour guider et corriger au besoin. 

 

nexten.io : Peux-tu nous présenter ta journée type, en tant que CTO de ANote Music et Satoris ? 

Grégoire : Mes journées sont organisées en priority first : je démarre la journée en lisant ma to-do et en donnant mon temps à la tâche qui doit être réglée en premier. Dans la matinée, je me renseigne auprès de mes équipes, pour vérifier que tout roule, qu’il n’y a pas de bugs techniques, de  problèmes avec les clients… Entre le management, la partie tech, et les objectifs marketing, ma journée est bien remplie !

 

Passons à la question qui taraude nos lecteurs. Peux-tu nous indiquer les avantages et inconvénients à rejoindre une start-up ?

Grégoire : Je dirais que l’avantage certain, c’est la liberté d’organisation. Tant que le boulot est fait, personne ne te pose de questions. Ici, on ne connaît pas le pointage, on n’est pas dépendant d’horaires. Ensuite, je dirais que l’atmosphère est généralement plus cool, mais ça dépend bien sûr des entreprises. Le plus gros avantage, à mon sens, c’est que les projets menés avancent plus rapidement, avec un résultat plus impactant. Par exemple, en banque, on travaille généralement pour augmenter le rendement annuel de 2%. Les devs qui travaillent pour Satoris, en revanche, travaillent sur des technologies pour sécuriser des cartes d’identité, des passeports, dans des pays africains qui n’ont pas encore développé de solutions informatiques pour ce faire.  Ce sont des projets dont il faut s’emparer rapidement et qui permettent des résultats dans de courts délais. On sait à quel point avoir des retours sur son travail, tout en comprenant son sens, est primordial pour les collaborateurs. 

En termes d’inconvénients, maintenant. La stabilité d’emploi, tout d’abord, qui est évidemment plus fragile. La difficulté à séparer la vie privée et pro : une start-up peut demander beaucoup de temps, surtout quand on la lance. Quant au salaire, il n’est pas forcément plus bas, car un dev en start-up, passé deux/trois ans d’ancienneté, gagne à peu près le même salaire qu’un dev qui exercerait dans une plus grande entreprise.

 

Est-ce que tu conseillerais à un développeur de passer par la case “start-up” à un moment dans sa carrière ?

Grégoire : Tout à fait. Evidemment, certains devs ne vont pas s’y plaire, comme d’autres n’aiment pas le consulting… Le mode start-up n’est pas fait pour tout le monde. Mais c’est une expérience à prendre ! Elle permet en effet de rester up-to-date sur les techs car la start-up impose une veille très régulière.

 

Quels sont les plus gros défis à gérer, lorsqu’on est tech et qu’on travaille sur un projet en startup ? 

Grégoire : En tant que manager, le budget ! Notre priorité, quand on recrute un nouveau dev, c’est qu’il soit opérationnel rapidement. Pour une personne qui est recrutée dans une grande entreprise, la problématique est moins urgente, puisque les équipes sont généralement plus étoffées. Mais si on met l’aspect managérial de côté, je dirais que le plus gros défi reste la polyvalence ! Le dev en start-up doit être un véritable couteau-suisse. Il aborde des sujets transverses, et doit être à même d’intervenir sur toutes les phases techs : en faisant du testing, de la mise en prod, en suggérant des modifications de code, etc. 

 

Point RH : peux-tu donner quelques conseils  pour recruter et donner envie à des talents techs de rejoindre une start-up ?

Grégoire : Honnêtement, j’aimerais bien des conseils aussi. J’ai remarqué que, généralement, les candidats arrivant au stade de l’entretien intègrent nos équipes, car ils sont rassurés sur le fait qu’ils vont être considérés et payés à la hauteur du marché. C’est la phase d’avant qui pose problème : les noms de nos start-ups n’attirent pas autant qu’un Microsoft, par exemple. Si j’ai un conseil à donner aux recruteurs actifs, c’est de bien expliquer aux devs qu’en start-up, fini d’être considéré comme un numéro. Les actions entreprises auront un impact. Les décisions sont prises en brainstormant tous ensemble, tous les avis sont pris en compte. Cette façon de travailler donne du sens.

 

Et d’ailleurs, penses-tu que l’expérience start-up devrait être davantage valorisée d’un point de vue recrutement ?

Grégoire : Ce qui est dommage, c’est que les recruteurs des grandes entreprises sont davantage intéressés par les listes de compétences qu’un dev possède, plutôt que son parcours. Ce sont les techno maîtrisées, pures et dures, qui importent pour ces profils. Pour autant, un dev capable de gérer toutes les étapes d’un projet (de l’analyse au support client) est un profil rare, à même de tirer profit de toutes les situations. 

 

Merci beaucoup Grégoire ! Un mot pour la fin ?

Grégoire : Je dirais qu’au Luxembourg, il existe encore trop peu de start-ups techs qui émergent jusqu’à devenir des licornes. C’est dû au paysage bancaire, encore très ancré et qui domine largement. De plus, au Luxembourg, on est très bons pour gérer et investir l’argent d’autrui, mais on investit encore très peu sur nos acteurs nationaux. Il est temps de créer un véritable mouvement de “start-up nation” au cœur de notre pays ! On recrute d’ailleurs chez ANote Music et Satoris, venez (re)découvrir le monde de la start-up avec nous !



Grégoire MathonetGrégoire Mathonet

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